Aurore Fattier, artiste associée à la Comédie invente avec les trois membres de la Jeune Troupe #3 un spectacle portant sur notre relation au vivant. Pour ce faire, ils partent en voyage sur le territoire du Grand Est, pour interroger des habitants de tous âges sur leurs liens avec les animaux, sauvages ou domestiques. Les fruits de cette enquête croisent des extraits de conférences à destination des enfants : Et si les animaux écrivaient de Vinciane Despret, et Pister les créatures fabuleuses de Baptiste Morizot, tous deux philosophes spécialistes des relations entre l’humain et le reste des espèces.

Avec la troupe, nous allons d’abord nous nourrir d’un corpus de textes inspirants autour de notre rapport au vivant, destinés ou non aux enfants, de textes qui nous apprennent à voir... des textes qui éduquent notre sensibilité au vivant, qui politisent l’émerveillement et nous aident à armer notre amour du vivant. Nous allons aussi lire et nous abreuver de quelques légendes « zoo- poétiques » de la région Grand Est. Puis, armés d’une caméra, comme Jean Rouch et Edgar Morin l’ont fait pour Chroniques d’un été, nous partirons à la rencontre d’agriculteurs, de pisteurs, de chasseurs, de citoyens, d’enfants, de personnages âgées aux quatre coins de la région Grand Est. Nous récolterons sous la forme d’entretiens filmés des récits, de rencontres avec des animaux, d’instants décisifs, de moments fondateurs. Je pense que les êtres humains entretiennent souvent un rapport plus mystérieux qu’il n’y parait, parfois sans le savoir, à la nature, aux animaux. J’aimerais vérifier cette intuition. Si réelle crise de la sensibilité il y a partout, peut-être qu’en se voyant, en s’écoutant, en se perchant comme faisant partie d’un chœur, il y aura prise de conscience, un léger déplacement. Peut-être qu’un jour leur relation au vivant, aux animaux, a basculé, a été bousculée, peut-être qu’il y a eu rencontre, bouleversement. Les habitants du Grand Est traversent-ils des paysages muets ou sont-ils habités ?

Aurore Fattier