Quand elle était enfant, c’est sûr, elle n’était ni vraiment petit garçon, ni résolument petite fille. Elle était cheval sauvage. Puis, à huit ans, elle s’est prise pour Esmeralda dans Le Bossu de Notre-Dame et à neuf, elle est tombée amoureuse d’une enfant de choeur. Elle a appris, en cinquième, qu’il ne faut jamais prononcer à voix haute dans la cour de récréation le mot « gouine » et au lycée, que l’orgasme ne ressemble pas à ce qui est raconté dans le supplément d’été « spécial sexe » de Elle Magazine. Un jour, elle a lu Belle du Seigneur et elle s’est dit que c’était ça. L’Amour.
À la frontière de la pop-culture, de l’auto-fiction et de la sociologie du genre, Ceci est mon corps est une enquête menée avec fougue, intensité et drôlerie par deux interprètes pour relater l’histoire du corps d’une femme née dans les années 1990. Parcourir les désirs, les violences, les joies et les aspérités qui le traversent. Découvrir aussi ce qui surgit, à l’orée de la trentaine, quand ce corps devient un corps lesbien.
« Nous avons été trompées. On nous a menti. Nous n’avons appris qu’une partie du sensible, nous n’avons eu accès qu’à une univocité, nous ne savions pas qu’un autre monde existait, que les souterrains étaient pos- sibles, que des voies avaient été tracées, que des voix avaient déjà crié dans le noir, des voix semblables aux nôtres.
J’accuse pour tous les amours qui ont été volés J’accuse pour les histoires jamais écrites
J’accuse pour les possibles pulvérisés
J’accuse pour le feu
Le feu étouffé
Vous savez la vérité d’un désir c’est comme le feu Dans la violence et dans le silence
Un feu
Ça s’étouffe »