SPRING 2026

Que ce soit avec Martin Palisse, David Gauchard et Stefan Kinsman qui interrogent le poids de l’éducation et de la famille sur nos vies d’adultes dans Commencer à exister, avec la compagnie Betterland qui questionne le corps de la femme comme territoire dans leur western féministe, Body Territory ou encore avec le Collectif Maison courbe qui, dans Le Bruit des pierres, nous parle de l’ordre du monde quand le ciel tenait la terre et comment les orpailleurs au Brésil l’ont détruit, ils nous invitent à observer ce monde et à y puiser l’énergie pour un nouvel élan.

À quel égard le souffle est-il central pour les interprètes circassiens ?
Le souffle est primordial parce qu’il donne l’énergie du départ et le rythme nécessaire au cirque : pour l’acrobatie, le trapèze, la roue Cyr ou le jonglage, le rythme est essentiel ! Quand Marianna Boldini se lance du haut d’un pont dans les bras de Basile Forest dans le spectacle Catharsis, ils doivent être dans un même souffle pour ensuite enchainer les figures acrobatiques, les portés et s’accorder aux rythmes de la musique. Phia Ménard fait danser ses marionnettes de plastique dans son ballet macabre Nocturne (Parade), mues par le souffle du vent de ventilateurs posés autour de la piste, entourées du souffle du chant lyrique et jusqu’à leur dernier souffle de vie…

Cette année, un coup de projecteur est donné à la roue Cyr : le cirque contemporain est connu pour son inventivité à concevoir de nouveaux des agrès. Pouvez-vous nous dire comment les artistes invités renouvellent la discipline ?
(…) Marica Marinoni l’utilise comme un partenaire ou un adversaire de jeu et Stefan Kinsman part de ses sensations physiques intérieures quand il pratique la roue pour les transmettre au public. Jef Everaert en duo avec Marica Marinoni utilise la roue en suspension, comme le ferait un jongleur ou un manipulateur d’objet. Enfin, Juan Ignacio Tula, pour symboliser les deux années d’enfermement qu’il a vécu dans sa jeunesse l’utilise comme un immense et très lourd cerceau dans une sorte de transe. Donc quatre approches totalement différentes de ce jeune agrès !

On observe un développement des tournées de spectacles au sein du festival, comment travaillez-vous avec vos partenaires pour créer cette dynamique très positive pour les compagnies et l’environnement ?
(…) Toutes les équipes des lieux, la direction, la technique, l’accueil artiste travaillent ensemble pour rendre possible ces tournées comme celle d’IGNIS du Collectif Sismique. (…) D’autres petites tournées peuvent aussi être montées par le même partenaire comme pour La Tournée des Aurevoirs de la Cie. Quotidienne qui fait plusieurs dates - en se déplaçant à vélo avec sa petite caravane - organisées par la Métropole Rouen - Normandie entre La Bouille et Le Trait pour ensuite aller à Vernon dans l’Eure. (…)

Les artistes s’intéressent de plus en plus à créer des spectacles pour l’enfance, c’est une première pour Sandrine Juglair et pour la compagnie Hold-Up & Co : pouvez-vous nous en dire plus sur leurs projets de spectacles pour la jeunesse ?
(…) Ce spectacle, Boudin, que Sandrine Juglair viendra travailler à La Brèche en résidence, elle l’imagine comme une ode à la spontanéité et à l’impertinence de l’enfance. Et cette fois-ci, elles seront deux au plateau avec sa comparse Claire Dosso, clowne et comédienne. Pour Petites empreintes, la compagnie Hold-Up & Co est partie de son précédent opus Huellas, qui faisait le lien entre les mouvements acrobatiques et les empreintes des premiers hommes de Néandertal. Ils sont venus en résidence dans une école et dans une crèche à Cherbourg en immersion avec les enfants, et ont décidé de créer une forme où le tout jeune public pourra jouer avec de l’argile, faire ses propres empreintes. Le tout accompagné d’une chanteuse et conteuse mapuche (Chili).

(…)

Extraits de l’entretien avec Hélène Debrix - directrice par intérim du Cirque-Théâtre d’Elbeuf - et Lancelot Rétif - directeur par intérim de La Brèche, propos recueillis en décembre 2025