Saturne

Saturne c’est l’histoire d’Arthur qui fête ses 10 ans. Qui face à cette maman froide et indifférente décide de lui poser des questions. Face à ce silence, Arthur se dit que des fois pour commencer à voir il faut s’éloigner. Partir loin pour se trouver. Arthur se dit que dans les contes, il y a toujours un voyage. Un long voyage. Un voyage qui l’emmènera jusque dans la foret du passé, à la rencontre d’ancêtres oubliés qui vont l’aider à réparer le présent.

Saturne est le nom romain de Cronos, père de Zeus.
On le connait notamment comme celui qui dévorait ses enfants.
Saturne refuse que les générations suivantes puissent prendre sa place. Les laisser exister, c’est disparaitre.
Saturne lui-même est fils d’Ouranos.
Ouranos qui, couché sur Gaia, obligeait ses enfants à rester enfouis à l’interieur de leur mère.
C’est en émasculant son père que Saturne a pu avoir une existence autonome, hors du giron maternel.
C’est en vainquant Saturne que Zeus a pu recréer le monde. Son monde.

Depuis toujours, on nous raconte ces histoires d’une génération qui refuse que la suivante advienne et de ce combat que les enfants doivent mener contre leurs aïeux afin d’exister.
C’est un spectacle qui traitera donc d’héritage, de généalogie, de l’histoire familiale qui étouffent et du besoin d’émancipation par nécéssité de survie.

Nous sommes les survivant.e.s de nos parents, de nos grands-parents, de nos arrière-grands-parents. Nous sommes faits d’histoires qui ne nous appartiennent pas et qui pourtant parfois nous débordent des années, des décennies plus tard. Comme la roche, nos corps et nos âmes portent la trace des effondrements et des drames du passé.

Ce sera donc l’histoire de cette mère qui, depuis l’avenir, rend visite à un passé qu’elle n’a pas connu pour désencombrer son présent qui dirait en quelque sorte : « Regardez-moi, vous, cette famille dont je suis faite et que pourtant je n’ai pas connue. Je suis pleine de votre histoire qui n’est pas la mienne et qui m’écrase. Aujourd’hui, je viens à votre rencontre, vous qui n’êtes plus de ce monde, pour comprendre et mettre des mots, parce que je refuse cet inéluctable. Parce que je vais à la rencontre de votre histoire que vous, générations passées, m’avez obligé à faire mienne. Je nettoie ce passé de ses eaux sales. Mais aussi je vous guéris, vous, mes morts. Pour qu’enfin, plein de vous mais aussi libérée de vous, je puisse devenir moi et seulement moi.»

Pour ce spectacle tout public et en extérieur, nous utiliserons les codes propres aux contes. Un narrateur qui sera en voix off et une histoire en forme de parcours initiatique, de quête pour découvrir d’où l’on vient pour devenir qui l’on est.

Noëmie Ksicova, décembre 2021