C'est une belle fin d'après-midi à Royan, une femme rentre chez elle dans la lumière dorée du boulevard. Elle vient du lycée où elle enseigne le français, quand elle perçoit les signes de la présence d'un couple, là-haut, sur son palier. Bien qu'ils ne parlent pas, elle les reconnaît. Ce sont les parents d'une de ses élèves. Elle ne veut pas les voir, pétrifiée tant par sa détermination que par les souvenirs qui la traversent. Dans ce double effort pour dire et mettre à distance une tragédie, elle parle de Daniela telle qu'elle l'a vue et beaucoup aimée et, plus encore, d'elle-même. Partant d'un fait divers, le suicide d'une adolescente victime de harcèlement scolaire, la romancière et dramaturge Marie NDiaye compose un monologue intérieur flamboyant. Écrit pour Nicole Garcia, Royan livre un portrait de la féminité tout en clair-obscur. Où le vertige des mots vient exprimer la dévorante violence des rapports humains et le prodigieux effort qu'il nous faut faire pour nous faire accepter du monde.