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Le projet de ce spectacle est de mettre en scène la conférence du philosophe et écrivain Baptiste Morizot prononcée par lui-même le 13 octobre 2018 au Nouveau Théâtre de Montreuil. Ce texte fait partie des « petites conférences » commandées par Gilberte Tsaï à différents scientifiques ou philosophes s’adressant à des enfants âgés de dix ans et plus.
Dans ce spectacle, l’actrice Laetitia Dosch, incarnant le philosophe, donnera la conférence Pister les créatures fabuleuses à un groupe d’enfants présents sur scène qui n’auront pas répété avec elle au préalable. Ainsi, à chaque représentation, elle s’adressera à un nouveau groupe d’enfants, avec pour enjeu de leur faire partager la pensée philosophique de Baptiste Morizot.
Mais ce n’est pas chose facile que de parler du changement climatique à des enfants. Après avoir lu beaucoup de textes sur ce sujet, Pister les créatures fabuleuses me semble le plus juste et le plus opérant. Sans doute seule la philosophie peut formaliser aujourd’hui cet événement inouï : la crise écologique et ses conséquences.
Les adultes ne seront pas en reste, puisque en tant que spectateurs et spectatrices, ils et elles assisteront à cette tentative de transmission de re-sensibilisation aux autres espèces vivantes, aux non-humain.e.s, ou pour citer Morizot aux « autres manières d’êtres vivant.e.s ». Expression qui est la version adulte des « créatures fabuleuses ».
Jérôme Bel, octobre 2022
 
Jérôme Bel est arrivé avec cette conférence de Baptiste Morizot pour les enfants. C’est un auteur que nous considérons tous les deux très important : la notion de crise de la sensibilité, qui expliquerait notre rapport destructeur à l’environnement, ainsi que ces récits d’expérience de terrain, auprès des loups et des lynx, plein d‘aventures, nous semblaient extrêmement parlants, pouvant aussi bien éveiller la curiosité que la responsabilité.
Le choix de cette conférence écrite pour les enfants nous a particulièrement émus. On voit la difficulté, la force que ça demande à un philosophe, d‘aller au plus simple et au plus parlant dans la transmission de ses idées, pour qu’elles puissent toucher des enfants. C'est donc la simplicité du langage, la beauté des anecdotes de pistages nous transportant en excursion à Yellowstone ou dans le Var, qui nous a semblé percutante, transmettant aussi bien la beauté des idées de Baptiste que la splendeur des fonctionnements de vivants autres que nous.
L’idée de mettre les enfants spectateurs avec moi sur scène, de jouer chaque soir pour des enfants différents, de les emmener en voyage à travers le pistage, de les éveiller, nos semblait très parlante et très belle. Nous aimions que les enfants soient libres de poser des questions quand ils ne comprennent pas, de rire, d‘imiter les animaux (comme nous l’avons expérimenté en répétition), de s’ennuyer, qu’il faille performer pour eux, que ce ne soit jamais gagné, qu’on voit l’effort.
Car ici, on a affaire à un double spectacle, un double public : la jeunesse, spectateurs sur scène, et les adultes, qui observent cette transmission avoir lieu devant eux. On leur parle à travers le regard des enfants, on leur fait des apartés rien qu’à eux. Les spectateurs regardent les enfants. Peut-être voient-ils en eux un espoir, peut-être aussi une inquiétude, qu’une peur de l’avenir leur prend le ventre : car quel monde leur laissons-nous ?
 
Laetitia Dosch, novembre 2022