Comment un sifflotement devient une pièce orchestrale ? Comment un paysage mental devient un lied ? Comment une histoire intime devient un mélodrame ? “Si vous avez un jour voulu écrire une lettre à quelqu’un sans jamais le faire, parce que vous n’avez pas osé, pas su, pas pu, ou pas réussi à aller jusqu’au bout, racontez-la-moi et je l’écris pour vous” : voilà le concept que David Geselson a déployé avec sa compagnie Lieux Dits, et qui a donné naissance au spectacle intitulé Les Lettres non écrites. Avec l’orchestre La Sourde, nous voulons faire la même chose, avec la musique : Les musiques non écrites. Créer, à partir des lettres de spectateurs, des musiques, avec les dix-sept musiciens de l’orchestre. Qu’est-ce qui va pouvoir devenir musique dans ces lettres : est-ce un mot ? un style ? un propos ? Nous choisirons dans le corpus produit par David Geselson quelques lettres, et chacune produira sa propre forme musicale et un rapport scénique particulier entre la collectivité que constitue l’orchestre, la parole individuelle portée par la lettre, et l’auditoire multiple présent dans la salle. Une lettre est adressée d’une personne à une autre, ici c’est tout l’orchestre qui parle pour une seule, et permet de zoomer sur un détail, de plonger dans un mot, d’amplifier et de jouer avec les mouvements de la pensée épistolaire. Nous voulons créer également les musiques que les spectateurs ont toujours rêvé d’entendre, mais n’ont jamais pu capturer, jamais entendue ailleurs que dans leur esprit. Un air inconnu qui s’invite malgré nous, une musique sublime mais perdue que l’on essaie de retrouver, une mélodie inventée pour une situation donnée, pour se déclarer, s’annoncer ou accompagner un évènement... Nous écrirons ces musiques pour eux, à partir des images, des paysages, des situations qui les habitent. Nous serons les compositeurs publics dans chacune des villes que nous visiterons, pour les spectateurs des théâtres qui nous accueilleront.