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Pièce pensée et écrite pour un jeune public, Belles et bois s’empare des différentes versions du célèbre conte La Belle au bois dormant pour jouer avec malice et dans un rythme en constante accélération avec la question du point de vue : combien de fées se penchent sur le berceau de la princesse : 13, 7 ou 3 ? Les grenouilles sont-elles toujours prophétiques? Aurore dort-elle 100 ans, un siècle ou 36 500 jours ? Le prince l’embrasse-t-il vraiment pour la réveiller?

Autant de questions que Belles et bois soulève à partir de récits successifs qui ouvrent l’imaginaire sur une fantaisie surréaliste, brouillant ainsi les pistes de la version originale. Pour les enfants, « passer du coq à l’âne » est d’une facilité déconcertante… Belles et bois leur propose d’exercer leurs talents dans ce jeu agile de dissociation. 

La pièce s’ouvre sur la narration chorégraphiée de l’histoire des frères Grimm et se rejoue immédiatement avec le récit de Perrault qui propose une nouvelle déclinaison modifiant le sens et l’action. Une troisième version se met alors en place pour brouiller les pistes. Cette mise en abîme proposée huit fois de suite permet ainsi de générer une schizophrénie joyeuse où s’associent librement fées, belles, grenouilles et princes grâce aux différents outils dramaturgiques : du changement de rôles entre les quatre protagonistes aux prises de paroles directes sur le récit enregistré en passant par la synthétisation de l’histoire à l’aide de mots clés.

Chaque version nous permet ainsi d’utiliser différents principes : travail du corps et/ou de la voix, déploiement et/ou répétition du motif, mise en abîme d’une version à l’autre, accélération et disparition de la narration au profit du travail sur le rythme... Par ailleurs, à mesure que l’histoire se rejoue, le rythme s’accélère irrémédiablement. La dramaturgie musicale de l’ensemble propose une chronologie (de cent ans à maintenant), métaphore de l’appropriation de ces histoires aujourd’hui.

... La Belle au bois dormant ou la cervelle au petit pois du prince tout gluant ?

Emmanuelle Vo-Dinh