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Abnégation, première pièce d’une trilogie, propose de rendre compte des forces politiques, sociales et intimes qui agitent le Brésil aujourd’hui. Cette satire violente, comédie noire et tragédie moderne, interroge les relations de pouvoir au sein des partis politiques et les conséquences de l’exercice de la corruption dans le corps et la psyché des protagonistes. Mensonges, corruptions, drogues, sexe, machisme, complots, intimidations, soumissions...

Ce spectacle nous propose de plonger dans les backrooms d’un parti politique où espoir, idée, utopie ne sont plus que vestiges, où l’exercice du pouvoir détruit les hommes qui s’y emploient, et où l’on ne se sert plus de l’idéal ou de l’absolu que pour justifier les plus basses besognes. Il ne s’agit pas ici d’une pièce documentaire ou d’une fiction politique à proprement parler, mais bien d’un véritable poème dramatique où l’écoute du spectateur et son imagination sont indispensables à la composition de l’oeuvre. Alexandre Dal Farra donne à sa pièce un caractère résolument moderne et, par le mystère des non-dits, travaille sur nos connivences et réveille nos indignations.

Extrait 

Flávia finit de vider un verre, et elle met de la musique. Pause.
Flávia monte sur la table et commence à faire un strip-tease.
José et Paulo observent.
Au bout de quelques instants, Jonas se lève, attrape Flávia par le bras et lui donne l’ordre de descendre. Elle ne lui obéit pas, et il la fait descendre de force. Il essaie de lui parler sans se faire entendre des autres, mais ceux-ci écoutent et observent ostensiblement la discussion.

JONAS – Qu’est-ce que tu fais ?
FLÁVIA – Quoi ?
JONAS – Ce n’est pas pour ça qu’on t’a… payée, je ne pensais pas que tu…
FLÁVIA – sans comprendre Quoi ?
JONAS – Tu étais en train de te déshabiller !
FLÁVIA – Oui.
JONAS – « Oui » ! « Oui » quoi ? Tu fais ça maintenant ? Tu te déshabilles, c’est ça ?…
FLÁVIA – Mais je n’en sais rien, oh !
JONAS – comme s’il essayait de rester discret, mais sans parvenir à se contenir, il se remet à hausser la voix. Comment ça « je n’en sais rien » !
FLÁVIA – Je ne sais pas, je n’ai pas réfléchi…
JONAS – C’est ça ton travail maintenant ?
FLÁVIA – Pas du tout. Je n’ai pas changé. Je n’ai pas changé du tout.
JONAS – …mais je venais de te proposer de t’asseoir à la table, et… Et en moins de deux tu te retrouves…
FLÁVIA – Hein ?…
JONAS – …je ne pensais pas que tu faisais ce genre de choses… Je ne pensais pas que tu étais ce genre de, que tu étais…
FLÁVIA – …mais je ne suis pas comme ça. Je ne suis pas comme ça !…
JONAS – Non ?
FLÁVIA – Non. Je ne suis pas comme ça. 
Je n’allais pas me déshabiller, en fait.